 |
 |
Graal
Description de la technique
Technique de décor mise au point par la manufacture suédoise d’Orrefors et le maître verrier Knut Bergvist vers 1915-1916. Ce terme de Graal, choisi par le directeur d’Orrefors Albert Ahlin, est une référence littéraire au calice légendaire où fut recueilli le sang du Christ lors de la crucifixion, épisode évoqué par le poète suédois Gustav Fröding.
Le Graal consiste à souffler à chaud une pièce en verre doublé ou multicouche dans un réceptacle ouvert. Après refroidissement, la pièce est taillée ou gravée, au sable ou à l’acide, en vue du décor projeté. Puis elle est réchauffée progressivement dans son réceptacle, à l’intérieur d’un four,jusqu’à 400° 500°, reprise au pontil ou à la canne, pour être de nouveau soufflée et marbrée avec délicatesse afin d’obtenir un décor souple, lisse, intégré à la masse du verre et non un décor en relief comme dans le cas des pièces contemporaines de l’Ecole de Nancy.
Historique de la technique
Cette technique originale, dérivée du travail du maître français Emile Gallé dans le domaine du verre doublé et gravé, permit un renouvellement stylistique considérable sous l’influence de Simon Gate et d’Edward Hald, artistes étrangers au monde du verre, lorsqu’ils furent engagés par Orrefors en 1916. Hald l’a particulièrement expérimentée, avec de subtiles variantes telles que le “fish graal”, le “cut graal”, l’aquagraal” . A sa suite elle est devenue au cours du XX°siècle une véritable tradition du verre scandinave, et a donné naissance à d’autres variantes.La technique Ariel, ainsi nommée en hommage au héros shakespearien de la tempête est illustrée par les superbes vases plantureux d’Edvin Öhrström, datant des années 30-40. Elle consiste à souffler un verre doublé très épais dans lequel le décor est délimité au pochoir pour être profondément gravé au jet de sable. La pièce est ensuite recouverte d’une couche de verre transparent qui enferme les sillons d’air créés par la découpe. On peut encore citer, dans les années 50, l’invention de la technique Kraka, au nom emprunté à l’héroïne d’une légende scandinave, évoquant par métaphore le filet de pêcheur dont elle est revêtue; dans ce cas les bulles d’air formant le décor sont provoquées par la pose d’un filet sur le verre doublé puis gravé au jet de sable. Enfin Ravenna, aux effets de mosaîque, est une innovation de Sven Palmqvist, l’ un des grands créateurs de la verrerie suédoise des années 50.
Actualité
les verriers nordiques maintiennent vivace la tradition du verre Graal, qui confère aux oeuvres une picturalité et une profondeur spécifiques. Citons Kerttu Nurminen pour la verrerie finlandaise Nuutajärvi , Ulrica Hydmann Vallien pour Kosta -Boda, avec une variante de cette méthode baptisée Kabale, Anne Nilsson pour Orrefors avec du verre Ariel.
Verriers
References bibliographiques
RICKE Helmut, GRONERT Ulrich, “Glas in Schweden” 1915-1960, Prestel, Munich, 1986
HOLMER Gunnel, “Svenkst glas under fem sekler”, Smälands Museum, Vaxjö,1993
FAHR-BECKER Gabriele, HOLMER Gunnel, “Autriche, Suède et Finlande, les nouvelles frontières du verre européen”, Skira, Milan,1995
