Description de la technique
Aborder le verre en taille directe comme les autres matériaux usuels de la sculpture, pierre, marbre, bois est longtemps resté irréalisable. Sculpter le verre ou le cristal à froid est une technique récente, dérivée de la taille avec des meules d’une part et de la gravure au jet de sable d’autre part et qui n’a été rendue possible que par les avancées technologiques du XX° siècle. En ce qui concerne la taille, certains verriers se servent maintenant d’énormes meules ou de scies diamantées, voire de marteaux et de burins. D’autres utilisent le sablage qui se pratique avec une sableuse contenant une matière abrasive, le corindon ( oxyde d’aluminium) très fin, matière qui a pris la place du sable guère usité de nos jours. Le verrier dispose de pistolets à débit de sable et débit d’air pour attaquer la matière. Pour les oeuvres de grand format, le sculpteur doit pénétrer dans une cabine étanche, protégé par un scaphandre alimenté en air, les mains munies de gants.
Historique de la technique
Le pionnier du verre sculpté demeure le maître verrier français Aristide Colotte (1885-1959). En 1929, il mit au point une technique personnelle, synthèse du travail du du verre et du travail du métal, se servant de la roue du tailleur de cristal et du burin du graveur de métal, ainsi que d’une roue montée sur flexible apparentée à la fraise d’un dentiste. Avec ce procédé novateur, il opérait à la roue de profondes entailles dans les parois épaisses de ses lourds vases de cristal, et finissait son travail à l’aide d’un burin, fractionnant la matière en éclats. Il a également appliqué sa technique à la sculpture de fonds de pot récupérés dans les cristalleries lorraines, créant pour la première fois dans l’histoire du verre des oeuvres en ronde-bosse, à partir de verre froid, empreintes d’une esthétique puissante. Dans les années 70-80 où le verre a connu un regain de faveur, de jeunes créateurs ont su porter sur cette matière un regard neuf et en ont saisi l’attrait sculptural spécifique, lié à la transparence et à la lumière. L’autrichienne Jutta Cuny, peintre et sculpteur de formation, s’est engagée dans la sculpture sur verre au jet de sable en 1976. Cette approche directe exige de l’artiste un fort engagement physique et des gestes qui ne laissent pas de place aux repentirs. Au cours de sa carrière météorique, Jutta Cuny a créé des oeuvres très expressives où des formes organiques, des plis, des nuées de givre se métamorphosent , se déploient et s’effilochent dans les parois transparentes de dalles de verre industriel. A l’opposé de cette oeuvre raffinée, inspirée par l’abstraction, le Polonais Czeslaw Zuber a abordé le verre d’une manière transgressive, cassant et fracassant des blocs de verre optique à la masse et au burin, puis les rehaussant de peinture aux couleurs crues pour créer un univers peuplé de têtes grimaçantes, influencé par le retour de l’expressionnisme.
Actualité
L’artiste d’origine roumaine Matei Negreanu, a débuté dans les années 80 par des oeuvres lyriques faites de plaques de verre à vitre empilées, collées puis sculptées au jet de sable, ailes et vagues. La décennie suivante a vu éclore des sculptures violentes, où les blocs brut de verre optique sont entaillés et cassés, à la scie diamantée, à la masse et au burin, avant d’être rehaussés de peinture ou de feuilles de plomb. Citons également le travail au jet de sable du français Gilles Chabrier.
Verriers
References bibliographiques
MAZET Mireille, “A. COLOTTE, sculpteur sur verre et sur cristal”, Editions de l’Amateur, Paris, 1994
Monographies des artistes
RICKE Helmut, “Neues Glas in Europa”, Verlaganstalt handwerk, Düsseldorf, 1990