Verre mosaïqué

Description de la technique
Ce type de verre, l’un des plus fascinants de l’Antiquité, concerne une production de pièces polychromes qui met en oeuvre une technique de fusion de segments ou de sections de baguettes de verre assemblés à froid. Il a pris ce nom ultérieurement dans la bouche des verriers muranais du XIX° siècle. La mise en oeuvre de pièces en verre mosaïqué exigeait plusieurs étapes successives. La première consistait à étirer des baguettes de verre puis à les tronçonner en petits morceaux. Ces rondelles, qui pouvaient être de couleurs et de dessins différents, étaient disposées sur un support de céramique; pour faire un bol, elles étaient placées selon un schéma circulaire. L’ensemble était porté au four pour obtenir un disque homogène. Après cette étape de fusion venait une étape de thermoformage au cours de laquelle le disque était mis en place sur une forme préfigurant l’état final de l’objet, en l’occurrence ici, une forme hémisphérique. Le tout était de nouveau porté dans le four jusqu’à obtention du volume définitif. Souvent la pièce était polie à l’intérieur et à l’extérieur pour parvenir à l’état final.

Historique de la technique
Le verre mosaïqué a été largement pratiqué dans le monde antique dès le III° siècle avant J-C par les verriers hellénistiques et romains, mais ses origines bien plus anciennes remontent à la civilisation mésopotamienne. Les formes adoptées sont le plus souvent celles de coupes ou de bols hémisphériques, dont de beaux exemplaires se trouvent au Musée du Verre de Murano, mais il existe également des vases aux formes plus élaborées de réalisation magistrale comme l’exemplaire du Victoria and Albert Museum. Ce type de verre a été remis en pratique à la fin du XIX° siècle par le verrier vénitien Vincenzo Moretti, dans le courant de redécouverte du verre antique. Par la suite son esthétique séduisante et ses possibilités plastiques ont attiré l’artiste peintre Teodoro Wolff Ferrari et son confrère Vittorio Zecchin avec des pièces aux couleurs intenses présentées par Artisti Barovier à la Biennale de Venise de 1914, plaques décoratives , plats et vase. Dans les années 30 , c’est au tour du peintre Guido Bin de revisiter la tradition pour Salviati § C., avec des tons plus pastel et depuis, ponctuellement mais fidèlement, le verre mosaïque n’a plus été totalement perdu de vue à Venise ni ailleurs.

Actualité
C’est l’artiste australien Klaus Moje qu’il convient de saluer pour ses avancées dans ce procédé antique, dès 1975. Il a fait évoluer cette technique en utilisant du verre Bullseye, fusionné et thermoformé puis regravé, dans une palette de couleurs vivement contrastées. Disciple de l’école de Canberra, Giles Bettison crée ses propres murrines avec de fines plaques de verre et complète le stade du verre mosaïqué, fusionné, par une étape de soufflage, travail exceptionnel que le Bullseye autorise. Ses pièces aux textures subtiles sont inspirées par l’atmosphère, le ciel nuageux et les coloris ocrés des paysages au Sud de l’Australie.

Verriers

References bibliographiques
LIEFKES Reino, “Glass”, Victoria and Albert Museum, Londres, 1997 TAIT Hugh, TATTON-BROWN Veronica, “Five Thousand Years of Glass”, British museum Press,Londres,1991 KLEIN Dan, “Artists in Glass”, Beazley Mitchell, Londres, 2001