Verre moulé - kiln casting

Description de la technique
Dérivée de certains procédés de la pâte de verre, cette technique consiste à mettre en forme et à fondre du verre froid en morceaux de granulométries variées dans des moules réfractaires. Le verre peut être utilisé sous forme d’un bloc placé à l’intérieur du moule et en remplit la quasi totalité; ce bloc va s’amollir puis en quelque sorte être thermoformé à une température au dessous du point de fusion, méthode qui s’adapte bien aux blocs de verre optique et qui est dite “slump casting”. Lorsqu’il est impossible de mettre ce procédé en oeuvre, il existe deux autres solutions. Le moule est bourré de verre concassé ou broyé, plus ou moins, verre dont les morceaux vont fusionner et s’amalgamer. Dans ce cas la matière ne migre pas notablement dans le moule, mais il faut prévoir un réservoir de verre en supplément dans la partie supérieure du moule pour pallier le vide laissé entre les morceaux ou bien il faut en cours de cuisson avoir la possibilité d’ alimenter le réservoir au fur et à mesure et de pouvoir contrôler la cuisson. La méthode ci-dessus, qui offre des possibilités esthétiques variées, mais qui présente une grande complexité, est dite “static casting”. La troisième méthode, que voici, et qui permet d’obtenir un travail de qualité consiste à mettre le moule vide dans le four et à positionner au dessus du moule un réservoir indépendant, percé d’un trou, orienté dans l’axe du moule; ce réservoir est rempli de verre concassé qui se liquéfie et s’écoule par l’orifice : c’est le “dribble casting”. Avant l’opération de “casting”, il est nécessaire de d’élaborer un modèle et, à partir de cette matrice, de constituer un moule qui résiste aux températures requises et à l’action du verre en fusion. Le procédé le plus commun consiste à exécuter une cire perdue autour de laquelle on monte le moule qu’il faudra décirer. Mais la pièce originale peut aussi être réalisée dans divers matériaux; il en est fait une empreinte qui permet d’exécuter plusieurs exemplaires de cire perdue. Après la fonte de la pièce, il est nécessaire souvent de la parachever à froid pour faire disparaître les traces de moulage et pour la polir.

Historique de la technique
Cette technique qui puise ses origines dans les anciennes techniques de la métallurgie et des fondeurs, connaît un essor remarquable dans l’art du verre depuis la fin des années 50 , sous l’impulsion des artistes verriers tchèques Stanislav Libensky et Jaroslava Brychtova. Elle permet de faire accéder le verre à une dimension sculpturale unique, comme en témoigne leur première pièce historique “Le Baiser” (1958). Dans leur sillage c’est toute une génération de disciples qui va s’illustrer dans ce domaine, Ivan Mares, Frantisek Janak, Jaromir Rybak... Il feront des émules en Europe et dans le monde entier, de la suédoise Ann Wolff à l’anglais Colin Reid. Le verrier Yann Zoritchak, slovaque venu en France dans les années 70, innovera avec sa technique personnelle de moulage de verre optique dans lequel il insère des feuilles métalliques, des poudres légères, créant un univers cosmique au travers de pièces dont la transparence est magnifiée par un polissage extraordinaire.

Actualité
L’école tchèque reste vivace, avec par exemple les créations contrastées, de Gisela Sabokova. Citons également les pièces au lyrisme contenu de la Slovaque Eva Fiserova. Mais il faut aussi faire la place aux poétiques machines de verre du Néerlandais Vincent Van Ginneke et au travail du français Bernard Dejonghe, dont les recherches voisinent avec le land-art et qui hisse l’art du verre à un haut niveau d’exigence formelle.

Verriers

References bibliographiques
CUMMINGS Keith, “Techniques of Kiln-formed glass”, A&C Black, Londres,1997